9 - Laurence Clerc à Aigueblanche

9 - Laurence Clerc à Aigueblanche


Laurence a peut-être rencontré son mari Eusèbe Perret par l'intermédiaire du cousin de celui-ci Jean-Baptiste Perret qui est curé de Pussy de 1748 à 1760. Après leur mariage en 1755, Laurence s'installe à Aigueblanche dans la maison familiale de son mari. 

Eusèbe est maréchal-ferrant comme son père, son grand-père et arrière-grand-père. Eusèbe n'avait que 8 ans lorsque son père est mort en 1733 mais il a peut-être appris le métier avec un de ses oncles. Etant le seul garçon parmi les 6 enfants de sa fratrie, il a ainsi hérité de la maison familiale et de la "boutique" de maréchal. D'après les inventaires réalisés en 1733 puis 1759 il semble que leur activité ressemble plutôt à la forge et à la tonnellerie qu'au métier de maréchal-ferrant.


Onze mois après leur mariage, le couple donne naissance à une première petite fille Françoise, puis deux ans après encore une fille Barbe. Malheureusement elles sont décédées très jeunes car elles n'apparaissent pas comme héritières dans le testament de leur père en mars 1759. 

En effet, bien qu'il n'ait que 34 ans, Eusèbe est déjà alité quand il fait rédiger son testament le 28 janvier 1759 par son notaire dans sa maison à Aigueblanche où il décèdera le 30 mars après avoir reçu le sacrement des infirmes.



".. il légue à Laurence Clerc sa chère et bien aimée épouse sept livres de laine et quinze livres de chanvre environ qui sont dans sa maison et un agneau, il crée, nomme et institue pour son héritier universel le posthume à naitre de la dite Laurence Clerc sa chère femme au cas qu’elle se trouve enceinte et dans le cas que le posthume vienne à voir le jour et qu’il vienne à mourir en pupillarité, il crée nomme et substitue pour ses héritiers la Jeanne-Marie et l’Andréane Perret ses chères et bien aimées sœurs par lesquelles il veut et entend que ses dettes, légats et frais funéraires soient payés… "


Un mois après son décès, les deux sœurs célibataires demandent à inclure dans la succession leur troisième sœur Marie déjà mariée et pour faciliter le partage font procéder à l'inventaire de tous les biens d'Eusèbe.


Ce document permet d'imaginer la vie quotidienne de ce XVIIIe siècle, qui peut paraître bien pauvre mais qui semble commune, vu la position sociale certainement relativement confortable de la famille. 

On peut relever que certains meubles et ustensiles apparaissaient déjà dans l'inventaire des biens du père d'Eusèbe en 1733.



Le notaire note donc de manière très précise le contenu de chaque pièce de l'habitation :




".. Ont été trouvés les meubles suivants :

Et premièrement dans la cuisine un bois de lit de noyer avec son ciel de sapin usé, un garde-paille, une couverture de laine barrée médiocre valeur, une mauvaise table en sapin avec son pied plus un coffre en noyer sans serrure tenant environ huit à neuf bichets**.
Plus deux chaudrons un tenant environ deux seaux et l’autre un seau même valeur et un pot faitout de métal cassé en différents endroits tenant environ un pot** et rapetassé (réparé grossièrement) entièrement, plus deux poêles à frire une grande et une petite, un poêlon de cuivre tenant environ une écuellée peu de valeur, plus un pot demi-pot et un jouclot (?) d’étain, plus deux salières d’étain, onze fourchettes de fer, une crémaillère à trois branches et huit anneaux et un autre pot faitout de fer tenant environ trois pots et son couvercle, 
une pelle à feu, un petit soufflet de fer, deux grosses haches, un réchaud et un autre couvercle de pot, une cuillère à pot de laiton de bonne valeur, une râpe pour le  fromage, deux mauvaises cuillères à pot de fer, 
un bassin à eau de cuivre, une faux peu de valeur et une paire de martellures, un petit chenet de fer, trois petites chaises de noyer, plus quatorze assiettes, huit tranchoirs, trois plats de bois usés, sept écuelles, un autre plat de bois à couler le lait et douze cuillères le tout de bois peu de valeur, un grand plat de terre, 
un mauvais coffre de sapin entièrement pourri, un banc de noyer avec ses jambes en sapin peu de valeur, un poids à peser avec sa coupe et trois crochets tirant du coté du plus fort soixante cinq livres, un mauvais tour à filer de noyer, une trouble (?) pour le poisson, une lampe de fer, 
trois fossoirs**, un seau à eau, une mesure d’un bichet de noyer ferré de peu de valeur, une pioche de fer à couper les futs, deux fossoirs** et une autre pioche, une faisselle pour le lait et sa coupe, une autre faisselle percée, plus un gros marteau du poids de sept livres avec son manche de bois, une pelle pour la terre, un trident, un râteau de fer, trois mauvaises petites chaises en sapin, sept livres de laine."

"Plus au poëlé (chambre), nous avons trouvé un mauvais chariot de sapin usé avec un garde-paille et une couverture tout à fait usée, un bois de lit aussi sapin avec ses rideaux de bergame**, 
trois coffres à savoir un de noyer et deux de sapin dont deux fermant à la clé de médiocre valeur et l’autre sans serrure usé, une grande table longue de noyer avec son pied de sapin et deux grandes barres aussi de sapin, 
une mauvaise petite lanterne, un grand râtelier pour le pain peu de valeur, plus quarante livres de ferrements trouvés dans un des coffres et dans les autres on a trouvé trois petites nippes de triège (chiffons ?) et trois sacs de toile d’étoupe."

De là dans le galletat (grenier), une aiche (huche?) neuve en sapin à mettre le blé vide, un petit tonneau tenant environ un setier** peu de valeur, un dévidoir, un berceau, un vent de médiocre valeur, plus deux anneaux appelés vulgairement languelles avec la grosse corde pour trainer le bois. "



Après une liste des documents notariés des parents et grands-parents d'Eusèbe, suit l'inventaire de la cave et de la boutique où l'on retrouve les outils de travail d'Eusèbe :

" ..et delà à la cave où l’on a trouvé deux cuves tenant environ une dix charges (environ 125 litres) en bois de châtaignier à trois cercles de fer de bonne valeur et un autre de même bois à deux cercles de fer tenant environ douze charges de bonne valeur, 
un petit pressoir de noyer avec son anneau et manteau le tout bonne valeur, plus une meule avec sa virole et sa caisse bonne valeur, plus une petite gerle (cuve) à un cercle de fer peu de valeur, plus une douzaine d’ais (planche) de sapin, 
plus trois tonneaux de châtaigniers et large à trois cercles de fer tenant quatre setiers médiocre valeur, une hache à couper les presses de la vendange, … " 

".. Et delà à la boutique où l’on a trouvé un détroit capable à servir, plus un soufflet de maréchal peu de valeur, plus une douzaine d’ais partie neuve et partie médiocre valeur, plus l’enclume de maréchal, de plus l’on a encore trouvé dans un réduit deux chemises d’hommes médiocre valeur, plus une veste de ratine, une paire de bas de laine et une paire de guêtres de ratine, une chemisettes de toile de drap pour homme déclarant les sœurs Perret avoir donné le reste des habits.." 



Suit une liste des biens immobiliers constitués de :

la maison principale et une autre masure à Aigueblanche, 
"une pièce de terre inculte à Lachat (Aigueblanche),  plus une pièce de pré et marais au lieu-dit du marais, plus une pièce de pré au lieu-dit la petite prairie de Bellecombe plus une autre pièce de pré à Bellecombe, 
plus une pièce de vigne sur le terroir de Le Bois et finalement une autre pièce de vigne au lieu-dit la Pierre sur le terroir de Bellecombe."


Fossoir : outil pour le jardin, houe
Bichet : ancienne mesure de capacité pour le blé et pour d'autres grains d’environ 60 litres
Setier : ancienne mesure de matière sèche environ 150 litres
Pot : environ 2 litres

Bergame : Tapisserie grossière, manufacturée sur le métier, faite de toutes sortes de matières filées, qui fut d'abord fabriquée à Bergame vers la fin du XVIe siècle, mais dont plus tard la fabrication fut transportée en France d'abod à Lyon puis essentiellement à Rouen et Elbeuf.








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